"Nos
instituteurs parlaient surtout de la guerre de 14-18. Ils disaient « les
Boches ». Nous, on jouait à la guerre. On jouait aussi aux billes avec les
callots des obus éventrés. On faisait des feux d’artifice avec des tiges
remplies de poudre. On les appelait des macaronis. Quand on ne voulait pas
aller à l’école, un grand mettait une grenade dans la case de son pupitre. Un autre prévenait l’insti’, comme ça, il faisait évacuer l’école en attendant que les gendarmes
désamorcent la grenade."
Témoignage
d’André Bennezon (1918-2006), Davenescourt.
Plusieurs années après l’armistice, la guerre était toujours bien
présente. Comment en aurait-il été autrement ? Pendant toute la durée du
conflit, la plupart des hommes avaient été mobilisés, transformant profondément
le quotidien des populations. Beaucoup n’étaient pas rentrés. Pendant plus de 4
ans, femmes, enfants et personnes âgées avaient survécu dans des conditions
extrêmement difficiles. Leurs expériences, maintes fois racontées, suffisaient
amplement à marquer les esprits des écoliers des années 20.
Chercheur
associé au laboratoire Pléiade de l’Université Paris-13 et au Centre d’Histoire
des Sociétés, des Sciences et des Conflits de l’Université de Picardie (UPJV),
Hervé Bennezon est enseignant à Amiens, professeur-relais aux Archives
départementales de la Somme, docteur en Histoire habilité à diriger des
recherches en Histoire moderne. En 2006, il a obtenu le Prix de la Chancellerie
des Universités de Paris pour sa thèse sur Montreuil
sous Louis XIV. Ses recherches portent sur l’univers mental et culturel des
populations rurales depuis la Renaissance. En 2012, son ouvrage, intitulé La Vie en Picardie au XVIIIe
siècle, du café dans les campagnes,
a obtenu le « Prix des Talents de l’Histoire » des Archives
départementales de la Somme.
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