conférence :
La villa de
Bus-la-Mésière: Exploitation agricole
et luxe campagnard au Ier et
IIe siècle de notre ère sur la voie
Beauvais - Bavay
Le site gallo-romain de Bus-la-Mésière « Fosse à Chêne » est
connu depuis des prospections réalisées en 1996 par le CIRAS. Le diagnostic
conduit par l’Inrap en avril 2015, sur le tracé de la future conduite de gaz
« Artère du Santerre », révéla les traces de fossés, de poteaux, et
de très nombreux fragments de tuiles, qui confirmaient l’existence d’un important
site d’habitat fréquenté au cours des premiers siècles de notre ère.
En novembre 2015, l’opération de fouille porta sur une bande
de terre d’une vingtaine de mètres de large et plus de trois-cents mètres de
long. Cave, celliers, fosses et fossés, bâtiment sur poteau, fours domestiques,
appartiennent à un établissement d’exploitation agricole installé non loin de
la voie qui reliait l’agglomération de Bavay dans le Nord, à celle de Beauvais
dans l’Oise, et dénommée ici « Chaussée Brunehaut ». Un tronçon d’une
vingtaine de mètres a pu être fouillé dans le cadre de l’intervention.
Un certain luxe entourait la ferme si l’on en juge par les
peintures qui ornaient les murs en mortier de chaux de l’une des constructions.
Ces enduits peints ont été rejetés après la démolition dans la grande cave du
bâtiment résidentiel, qui n’a pas laissé d’autres traces. La cave de près de 12
m², avec un escalier extérieur, est maçonnée soigneusement avec des blocs d’un
calcaire très dur connu sous l’appellation de pierre de « Mortemer ».
Le sol en partie dallé et la présence d’un puisard accolé à la cave, illustrent
des choix de construction répondant à l’ambiance humide du secteur.
L’établissement est implanté dans le courant de la seconde
moitié du Ier siècle de notre ère. Une importante restructuration
intervient vers le milieu du IIe siècle avec la destruction du
bâtiment abritant la cave et le comblement de cette dernière. L’occupation se
prolonge pendant la seconde moitié du IIe siècle, après quoi
l’établissement semble déserté. Une réoccupation des lieux intervient vers la
fin du IVe siècle.